Mea Culpa

28 ans pour comprendre ca...

J'ai cru jusqu'à très dernièrement que les gens fonctionnaient comme suit: une seule ligne verticale, ou chacun, se place selon son niveau de conscience, intellectuel, de bonté, d'abnégation,... Faites en une moyenne, et vous pouvez ranger les gens de bas en haut, en sachant lesquels sont les gens bien, et lesquels, les gens moins bien... (pour ne pas dire mauvais!)

L'avantage que j'avais à cette vision des choses, c'est que chacun pouvait "progresser" afin de grimper les échelons de la... sagesse, appelons ca comme ca! Etant persuadé d'être quotidiennement sur une route qui me permet de gravir toujours un peu plus ces échelons, j'étais sur de pouvoir aider certains, simplement en étant une sorte d'exemple. Et soyons honnête, j'ai tellement été en recherche d'un tel modèle par le passé, que j'ai tendance à vouloir l'être pour quasiment tout le monde...

Je me trompais! Pas sur le chemin que j'ai emprunté, mais sur la représentation que je m'étais faite de ma relation aux autres. Notre chemin est en effet vertical, mais il est aussi et surtout, en général, parallèle! Tout le monde ne tend pas à vouloir être un être humain toujours meilleur. Et parfois, le meilleur des uns, parait bien dérisoire aux autres! Admettons que les valeurs universelles soient visualisable sur des échelles graduées. Admettons que mon chemin de vie me permette d'atteindre le niveau 10. Le même niveau atteint par une autre personne, dans son propre chemin de vie, en fera une personne humainement moins respectable. Ou au contraire, un niveau 10, chez une autre personne, ne sera qu'un passage vers le niveau 20. Tout est question de potentiel!

Je l'ai compris en voulant aider quelqu'un. Ce quelqu'un en a fait la demande, et je lui ai répondu en fonction de mon chemin à moi. En étant sûr que notre ligne était identique. Mes conseils et avertissements, bien que partant des meilleures intentions, tombaient toujours lettre morte, jusqu'à ce que je me retrouve à en payer les conséquences. J'ai cru à un manque de courage, de volonté, de la part de la personne en face de moi, mais encore une fois, je me trompais.

Nos lignes ne sont pas les mêmes. Elles sont parallèles. Là où je prônais la sagesse, la raison et la vertu, cette personne n'attendait que des résultats quantifiables, palpables, et exposables aux yeux des autres. Une certaine réussite en somme. Cette réussite atteinte, je me suis vu accusé des pires maux psychologiques, des intentions les plus égoïstes... Et j'ai détesté cette personne en retour...

Cette colère est passée, où en tous cas, est en voie de l'être. Pour une raison simple. Mon chemin à moi est plus intérieur. En terme de qualité humaine, j'irai certainement toujours plus loin que cette personne. Cela peut paraître hautain, ou mégalo, mais j'ai une preuve du contraire: moi j'essaie de comprendre sa manière d'être, de penser... J'ai du prendre du recul quand j'étais encore proche d'elle, et que son comportement et son choix d'orientation m'a blessé, mais une fois compris sa manière de penser, et bien que je n'en partage rien, j'ai essayé cohabiter en bon entente.

Face à l'incapacité de compréhension à laquelle j'ai alors fait face, j'ai enfin compris. Nos lignes sont parallèles, et le resteront. J'ai tenté de faire preuve d'ouverture, en tendant la main une dernière fois. Je me suis fait rembarré. Il lui est peut être impossible de comprendre la "qualité" de l'aide que j'ai voulu lui apporter, mais ce n'est pas sa faute. J'étais sur, à tort, que mon discours et ma vision des choses étaient les mots dont elle avait besoin, comme cela a été mon cas par le passé. De son côté, après m'avoir exclu de sa vie, sa "réussite" a enfin pris forme. Évidemment, elle me préfère en dehors de sa vie et est même capable de me faire payer l'aide que je lui proposé, pourtant sur sa demande. Mais même si je lui en ai voulu, aujourd'hui je comprends. Nous ne voyons pas les choses de la même manière. J'ai pris le temps de voir les choses de son point de vue, elle non. Je suis peut être plus sage qu'elle...

Elle sera heureuse, c'est sûr! Et moi aussi! Mais pas de la même manière. Nous n'avons pas la même définition du mot "réussir".

Moi je sais, que mon accomplissement passe par le contact de gens biens, évolués, humains, ainsi qu'au fait d'apporter mon expérience, et ma différence de point de vue à ceux qui en auront besoin. Mais plus à tout le monde comme j'ai pu le faire à tort par le passé. Certains n'ont simplement pas la même vision du bien être que moi. Et je ne peux, ni leur en vouloir, ni les convaincre du bien fondé de ma vision des choses.

Je suis fier la manière dont je vie et évolue. Mais j'accepte que d'autres ne partagent pas ma vision. Il faut que je me contente de m'entourer de gens qui me transcendent, des gens biens, dans MON système de valeur, et continuer à cohabiter avec les autres, en acceptant de ne rien pouvoir faire, et de ne pas toujours avoir le droit de faire quelque chose, pour eux.

Une chose est belle. Si je peux, à l'occasion, offrir ma vision des choses, voir mon aide, à quelqu'un dont le chemin de vie va évoluer vers le mien, j'ai aussi et surtout, l'intelligence, et le raisonnement nécessaire, pour moi aussi aller chercher conseils et leçons, auprès de ceux qui sont  d'une ligne parallèle à la mienne, mais qui mène à encore plus de sagesse.

Chacun sa ligne de vie, certes, mais je n'ai aucune excuse à ne pas apprendre de l'expérience de gens qui sont de meilleurs êtres humains que moi. Mais j'ai encore moins d'excuses à exiger cela d'autres, dont la vision n'ira jamais dans cette direction. Apprendre vaut mieux qu'enseigner.

La différence est une richesse, quand le partage est une monnaie.

J'ai eu tort d'attendre autant de cette personne. Je me suis convaincu qu'elle était de ma ligne, et que je lui serai bénéfique. C'est malheureusement impossible. J'ai appris de cette expérience, et j'en ressors grandi, et cela me pousse à écrire cette phrase parfois délicate à exprimer: je m'excuse, sincèrement!